Jules m'avait rassurée :
"Surtout, si tu ne te le sens pas, ne le fais pas, même si c'est un cadeau. Ne te force pas pour nous faire plaisir !"
Il faut dire que je m'étais fait mille-et-un scénarii dans ma caboche, et me voyais déjà faire un blocage psychologique au bord du pont, à me dire que non non non, c'était trop affreux de se jeter dans le vide.
Ce fut finalement à moi d'entrer en scène. Les messieurs m'ont tenu la main pour que je monte sur la plate forme de décollage (avec les jambières, c'est pas bien pratique). Une fois au bord du vide, j'ai lâché un "Oh...", la main devant la bouche, en voyant le Gave au fond. C'est que c'est vachement haut en fait. J'avais beau avoir analysé en long, en large et en travers la tronche du matos, de la potence à l'élastique, et même vérifié sur Internet que tout était normé Afnor, je n'étais à cet instant précis PAS BIEN CONVAINCUE de la pertinence d'accorder ma confiance à des bouts d'acier et de latex.
Bon, la clef, c'est justement de ne pas regarder en bas. Le monsieur m'a invitée à fixer du regard une maison au loin et à mettre mes bras en croix, puis à me laisser tomber en avant. Autre point important : débrancher le cerveau. C'est là que je me suis sentie partir dans le vide. Normalement, il faut donner une impulsion à ses pieds dès que le saut démarre. Moi, j'ai zappé cette partie donc je suis tombée lamentablement et j'ai fini en presque-salto, d'une inélégance à son paroxysme MAIS on s'en fiche parce que j'ai eu de superbes sensations. Les premières secondes sont un peu flippantes, car la rivière, au fond, elle se rapproche très vite de vos mirettes. Puis finalement l'élastique fait son office et freine d'un coup la chute. Moi ça m'a rassurée de suite.
"Ouf, c'est assez solide, je vais pas m'écraser comme une crêpe, je peux enfin me détendre".
Après, je me suis fait balloter un peu dans tous les sens, c'est le lâcher prise total. J'ai hurlé "C'EST GENIAL" pour rassurer mes spectateurs (ah bah oui, entre Jules, la p'tiote, Esclarmonde, Marraine et même ma collègue de travail avec son chien, ça commençait à faire du monde venu exprès pour admirer ma prestation).
Enfin, le mouvement de balancier s'est atténué jusqu'à s'arrêter. Les messieurs tout en haut on donné du mou à l'élastique pour que je puisse me rapprocher de leur collègue installé dans un filet tout en bas pour me réceptionner. Pendant ces quelques minutes, la position tête en bas n'était pas très confortable mais on a la possibilité de relever la tête en s'agrippant à la corde.
J'ai regagné la terre ferme et c'est emplie de joie et de fierté que j'ai retrouvé amoureux, famille et amis. J'ai également eu la surprise de découvrir que ma prestation avait été immortalisée par un photographe professionnel. Pour une trentaine d'euros, on peut en effet récupérer photos et vidéos sur une clef USB.
Ami lecteur, si toi aussi tu es un peu barje et que tu veux te lancer, la réservation se fait sur le site Cap Adrénaline. Le premier saut est à 70 euros, mais si tu ressautes dans la foulée, le deuxième est à moitié prix. A noter : il faut appeler pour réserver un créneau, mais l'heure de passage n'est pas garantie car d'autres personnes arrivent au fil de l'eau, et le staff fait passer les gens par catégorie de poids, c'est plus simple pour leur gestion des élastiques. Alors on ne râle pas parce qu'il y a de l'attente et on profite du paysage :)...
En ce qui me concerne, mon saut de l'ange a clôturé ma saison sportive de 2021 et atténué ma soif de sensations fortes pour quelques temps. Pas question de lambiner sur le canapé pour autant, puisque d'autres projets se profilaient à l'horizon, avec entre autres un passage animé à Biarritz et la venue de mes géniteurs adorés dans mes nouveaux quartiers pyrénéens. Articles à venir, bien évidemment !
Crédit photos : ZOOM PHOTOS
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