Le grand plongeon : saut à l'élastique


Il paraît que l'adrénaline, c'est addictif. C'est sûrement pour cela qu'une fois remise de mes émotions du saut en parachute, je n'ai eu qu'une envie : continuer à jouer les casse-cous. Avec Jules et la petiote (enfin plus si petiote que ça du haut de ses treize printemps), nous sommes donc retournés aux gorges du Hourat à Laruns (64) pour une session tyrolienne mais malgré l'extension du circuit, nous étions tellement à l'aise qu'en trente minutes, l'affaire était pliée et m'avait laissée un peu sur ma faim. 

Jules m'a aussi emmenée, plusieurs fois, faire du VTT avec des jolies descentes. Au début c'était sympa, je galérais un peu mais mes efforts payaient et je commençais très sincèrement à prendre goût à la vitesse et au vent fouettant mon visage émerveillé. Mais il y a un tel écart de niveau entre Monsieur et moi-même que quand j'ai dû monter des grimpettes et aborder des descentes bien trop raides pour mon petit cœur et mes gambettes fatiguées, les choses sont devenues beaucoup moins amusantes. Ah, elles ont fusé, les insultes à l'endroit de mon amoureux. C'est donc les mollets en sang pour cause de vilain retour de pédales crantées que je finis par décider, en accord à l'unanimité avec moi-même, que si le VTT le long du Gave de Pau c'était chouette, le reste n'était définitivement pas pour ma personne. Mais je m'égare du sujet principal. 

Dans un tout autre registre, donc, j'avais émis l'idée de m'essayer au saut à l'élastique. Ceci n'étant pas tombé dans l'oreille d'un sourd, c'est très logiquement qu'à mon repas d'anniversaire les copains se sont cotisés pour m'offrir bonne dose d'adrénaline pure. Et autant il y avait des amateurs pour le parachute, autant là tout le monde s'est rebiffé. Pas grave, ai-je dit, je suis une guerrière, je saurai me débrouiller toute seule. 

Fin septembre, nous nous sommes rendus au pont Napoléon, à Luz-Saint-Sauveur dans les Hautes-Pyrénées. Il faisait un temps radieux. A l'arrivée sur le parking, j'ai aperçu au loin le fameux pont et surtout, surtout, une soixantaine de mètres plus bas, le Gave de Gavarnie. En vrai, j'avais la pétoche, mais je me suis dit que si j'avais tenu bon en sautant d'un avion, sauter d'un pont devrait être gérable. Une fois les formalités administratives effectuées (paperasse et pesée), je me suis avancée, point trop fière, vers le staff qui s'est occupé de m'équiper d'un baudrier et de jambières. D'autres jeunes gens passaient avant moi. En discutant, je me suis aperçue qu'ils avaient à peu près le même profil que moi : saut en parachute fait et envie de faire un nouveau truc un peu dingue. 

Jules m'avait rassurée : 

"Surtout, si tu ne te le sens pas, ne le fais pas, même si c'est un cadeau. Ne te force pas pour nous faire plaisir !"

Il faut dire que je m'étais fait mille-et-un scénarii dans ma caboche, et me voyais déjà faire un blocage psychologique au bord du pont, à me dire que non non non, c'était trop affreux de se jeter dans le vide. 

Ce fut finalement à moi d'entrer en scène. Les messieurs m'ont tenu la main pour que je monte sur la plate forme de décollage (avec les jambières, c'est pas bien pratique). Une fois au bord du vide, j'ai lâché un "Oh...", la main devant la bouche, en voyant le Gave au fond. C'est que c'est vachement haut en fait. J'avais beau avoir analysé en long, en large et en travers la tronche du matos, de la potence à l'élastique, et même vérifié sur Internet que tout était normé Afnor, je n'étais à cet instant précis PAS BIEN CONVAINCUE de la pertinence d'accorder ma confiance à des bouts d'acier et de latex.


Bon, la clef, c'est justement de ne pas regarder en bas. Le monsieur m'a invitée à fixer du regard une maison au loin et à mettre mes bras en croix, puis à me laisser tomber en avant. Autre point important : débrancher le cerveau. C'est là que je me suis sentie partir dans le vide. Normalement, il faut donner une impulsion à ses pieds dès que le saut démarre. Moi, j'ai zappé cette partie donc je suis tombée lamentablement et j'ai fini en presque-salto, d'une inélégance à son paroxysme MAIS on s'en fiche parce que j'ai eu de superbes sensations. 

Les premières secondes sont un peu flippantes, car la rivière, au fond, elle se rapproche très vite de vos mirettes. Puis finalement l'élastique fait son office et freine d'un coup la chute. Moi ça m'a rassurée de suite.
"Ouf, c'est assez solide, je vais pas m'écraser comme une crêpe, je peux enfin me détendre". 

Après, je me suis fait balloter un peu dans tous les sens, c'est le lâcher prise total. J'ai hurlé "C'EST GENIAL" pour rassurer mes spectateurs (ah bah oui, entre Jules, la p'tiote, Esclarmonde, Marraine et même ma collègue de travail avec son chien, ça commençait à faire du monde venu exprès pour admirer ma prestation).

Enfin, le mouvement de balancier s'est atténué jusqu'à s'arrêter. Les messieurs tout en haut on donné du mou à l'élastique pour que je puisse me rapprocher de leur collègue installé dans un filet tout en bas pour me réceptionner. Pendant ces quelques minutes, la position tête en bas n'était pas très confortable mais on a la possibilité de relever la tête en s'agrippant à la corde. 

J'ai regagné la terre ferme et c'est emplie de joie et de fierté que j'ai retrouvé amoureux, famille et amis. J'ai également eu la surprise de découvrir que ma prestation avait été immortalisée par un photographe professionnel. Pour une trentaine d'euros, on peut en effet récupérer photos et vidéos sur une clef USB.

Ami lecteur, si toi aussi tu es un peu barje et que tu veux te lancer, la réservation se fait sur le site Cap Adrénaline. Le premier saut est à 70 euros, mais si tu ressautes dans la foulée, le deuxième est à moitié prix. A noter : il faut appeler pour réserver un créneau, mais l'heure de passage n'est pas garantie car d'autres personnes arrivent au fil de l'eau, et le staff fait passer les gens par catégorie de poids, c'est plus simple pour leur gestion des élastiques. Alors on ne râle pas parce qu'il y a de l'attente et on profite du paysage :)...

En ce qui me concerne, mon saut de l'ange a clôturé ma saison sportive de 2021 et atténué ma soif de sensations fortes pour quelques temps. Pas question de lambiner sur le canapé pour autant, puisque d'autres projets se profilaient à l'horizon, avec entre autres un passage animé à Biarritz et la venue de mes géniteurs adorés dans mes nouveaux quartiers pyrénéens. Articles à venir, bien évidemment !

Crédit photos : ZOOM PHOTOS 

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