Dans la série How I met your mother, il est dit qu'on ne prend jamais de bonnes décisions après deux heures du matin. C'est exactement ce que je me suis dit quand j'ai lancé à la cantonade, au cours d'une soirée arrosée, que j'allais sauter en parachute. Les bonnes idées de Paupau, chapitre 389.
On se remet dans la contexte : octobre 2020, anniversaire de notre copine Esclarmonde (pseudonyme), et pas n'importe lequel, puisqu'elle devait souffler ses 40 bougies. Vint le moment des cadeaux. Nous avons commencé par les petites attentions sympathiques, plus ou moins distinguées, photo encadrée avec les enfants, masque anti-Covid Jacquie & Michel, avant de finir avec le bouquet final, celui pour lequel tout le monde s'était cotisé : un baptême de saut en parachute.
Esclarmonde était absolument RAVIE, tant et si bien que, plusieurs verres de Lambrusco plus tard, elle répétait, inlassablement :
"Non mais les gars, je vais SAUTER en parachute quoi !!!!!!"
On aurait pu s'en tenir à ça, mais c'était sans compter sur l'intervention de mon Jules adoré.
"Et tu sais quoi ? Je vais sauter avec toi !!!!"
Et moi, de renchérir (c'est là que ça se gâte) :
"ET MOI AUSSI JE VAIS SAUTER !!!!"
Voilà comment nous nous sommes retrouvés, par une belle journée de juin, à partir en expédition vers l'aérodrome de Lasclaveries, au nord de Pau. Je dis "expédition", car si nous n'étions que quatre à sauter (Florimont, autre joyeux drille de la bande, s'étant joint à nous) nous étions accompagnés par notre marmaille habituelle.
A neuf heures, nous avons été accueillis par l'équipe de Pau Skydive, qui organisait notre saut. Pendant qu'on réglait la paperasse, l'appréhension commençait à poindre le bout de son nez. Alors, pour détendre l'atmosphère, nous avons philosophé : "Nan mais ma Paupau on va se faire pipi dessus". Une fantastique première impression auprès de nos hôtes de la journée.
Nous avons eu le briefing avec Benjamin, Benji pour les intimes, qui nous a expliqué le déroulé des opérations et les points essentiels du saut en tandem, dont, entre autres :
- Au moment de sortir de l'avion, il faut bien poser sa tête, en arrière, sur l'épaule du moniteur, et donner à son corps la forme d'une banane ;
- Pendant la chute libre, on tient fermement les anses de son sac à dos et on attend l'aval du moniteur pour déplier les bras ;
- Pour l'atterrissage, on lève les jambes le plus haut possible pour que notre binôme puisse nous poser tous les deux délicatement sur la terre ferme.
En soi, rien de bien compliqué. Mais moi, j'avais la méga-trouille de zapper une information essentielle et de tout faire foirer. Nous avions décidé de nous faire filmer pour avoir un souvenir sympa du saut, donc un membre du staff est venu nous filmer pendant le briefing et la préparation :
"Alors ça va, vous vous sentez comment ?"PAS BIEN DU TOUT, merci quand même de demander.
Jules et moi passions en premier. Benji était son binôme, et moi, j'ai fait la connaissance de Max, mon moniteur. Je sais bien que c'est son job, mais il était adorable, pédagogue et surtout très rassurant. Je me suis retrouvée harnachée avec bretelles, baudrier, sangles et compagnie et nous avons rejoint d'autres camarades qui devaient prendre le même avion que nous. Le groupe était très hétérogène : il y avait des habitués, bien sûr, mais aussi ceux en formation, dont certains allaient sauter pour la première fois en solo (et qui n'en menaient pas forcément plus large que nous), et puis les tandem (Jules x Benji, Paupau x Max).
Dans l'avion, nous étions installés à califourchon sur des bancs rudimentaires. Au fur et à mesure que nous prenions de l'altitude (nous devions grimper jusqu'à 4000 mètres), Max me rappelait les différentes procédures à suivre. Vers la fin, j'ai dû lui monter sur les genoux pour qu'il puisse m'attacher à son propre équipement de saut. Bonjour le malaise. Le monsieur, je le connaissais depuis dix minutes, je remettais ma vie entre ses mains et en plus il fallait que je me colle à lui de façon bien indécente. Mayday, mayday, mayday. Et tout ça filmé par notre joyeux caméraman qui lui avait la banane depuis le début.
Une fois notre vieux coucou à la bonne altitude, j'ai vu la porte de l'avion s'ouvrir, et une lumière, rouge jusque là, passer au vert. Les copains de devant ont commencé à sauter les uns après les autres. J'ai regardé Jules et Benji se jeter dans l'immensité du ciel, puis vint notre tour. Nous nous sommes assis, les jambes dans le vide. Je voyais les pâtures béarnaises en contrebas, me demandant ce que je fichais là. Max m'a demandé si j'étais prête. Là, j'ai remis mon destin entre les mains du Bon Dieu, de mes ancêtres, de l'Univers, de ma bonne étoile et j'ai acquiescé.
Les premières secondes sont très bizarres. Désorientation totale. Je me suis sentie ballotée comme prise dans un tambour de machine à laver puis enfin, j'ai repris mes esprits avant de prendre conscience que j'étais bel et bien en pleine chute libre. Bon, très honnêtement, ce ne fut pas mon moment favori. Déjà, c'est très déstabilisant et en plus, avec mes tympans perforés par ma dernière paracentèse, ça me soufflait très fort dans les écoutilles, avec un bruit absolument assourdissant. Mon ORL m'avait rassurée en me disant que je pouvais sauter en parachute sans problème, moi j'ai quand même eu la sensation très désagréable que mes tympans allaient exploser en vol.
Mon copain caméraman s'est approché de nous et est venu faire un peu l'animation pendant qu'il me filmait. J'avais toujours mal aux oreilles mais j'étais un peu plus rassurée. J'ai réussi à esquisser quelques sourires pour la postérité. La vidéo nous montrera que j'étais quand même pas très détendue (pour ne pas dire carrément crispée). Il s'est finalement éloigné pour laisser Max ouvrir le parachute.
Une fois la voile déployée et Paupau remise de ses émotions, les choses se sont apaisées. Plus de bruit affreux dans mes oreilles, juste le calme tout autour nous.
Je pouvais désormais échanger avec mon partenaire, partager mes impressions et l'écouter m'expliquer comment piloter sous voile. Il m'a fait tirer très fort sur une des poignées pour faire tourner le parachute. C'était rigolo, toutefois en raison des potentiels effets indésirables sur l'estomac, il ne faut pas trop en abuser. Nous nous rapprochions gentiment du sol, avant de nous préparer pour l'atterrissage. Une fois de plus, il suffisait de suivre les consignes données, de passer mes mains sous mes cuisses pour soulever le plus possible les gambettes, le tout pour une arrivée en douceur. Et moi, malgré tout ce que j'ai pu dire plus haut, j'avais le SOURIRE. Ben oui, c'était génial, toute cette adrénaline.
Esclarmonde et Florimont sont passés après nous, également avec Benji et Max. Ils sont revenus eux aussi avec plein d'étoiles dans les yeux. Techniquement nous n'avions plus rien à faire à l'aérodrome, puisque nous avions fini ce que nous avions à y faire, mais au final, nous y avons passé la journée. Il y a un coin très sympa sous les arbres avec des tables, des bancs et des chaises longues, coin que nous avons squatté avec notre troupe au complet. L'après-midi, nous avons suivi les aventures d'autres parachutistes, et les baptêmes d'autres petits nouveaux qui, comme nous, voulaient se donner des sensations fortes et avons jeté un coup d'œil au hangar où tout le monde est hyper concentré pour replier les parachutes.
Ce qui est amusant, c'est que du moment que tu as fait ton premier saut, tu as l'impression d'avoir rejoint le club très sélectif de "ceux qui ont déjà sauté". La grande fierté, quoi. Le staff nous a même proposé de rester pour le barbecue le soir. Avec nos gosses agités, ce n'était pas l'idée du siècle, mais ça aurait pu être très sympa. Cette conjugaison adrénaline-bière-bonne-bouffe, ça n'a pas été sans me rappeler l'ambiance UCPA.
Je vais passer en mode publicitaire, mais lecteur, lectrice, si tu as l'occasion d'aller sauter avec Pau Skydive, FONCE.
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Pau Skydive
Aérodrome - 64450 Lasclaveries - France
https://pau-skydive.fr/
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