... un jour, d'inventer l'école ?
Je ne saurais vous répondre. En revanche, je peux vous dire qui a eu l'idée complètement farfelue d'y remettre les pieds, à l'école : c'est Bibi.
Pourtant, ma vie jusqu'alors peu mouvementée me convenait fort bien : je partageais mes heures de (presque) trentenaire entre mon travail, mes lectures spirituelles, mon footing quotidien, mes séries débiles et mes excursions par monts et par vaux pour aller bronzer sur le sable chaud, m'empiffrer de gâteaux ou caresser les marmottes.
Jusqu'à ce qu'une singulière idée vienne me traverser l'esprit : "Tiens, et si je reprenais les études ?"
Ô combien de reproches ai-je adressé par la suite à mon entourage, pour ne point avoir tenté alors de me ramener à la raison. Mais il était trop tard. Les conventions étaient signées, les billets réservés, impossible de me débiner.
Ô combien de reproches ai-je adressé par la suite à mon entourage, pour ne point avoir tenté alors de me ramener à la raison. Mais il était trop tard. Les conventions étaient signées, les billets réservés, impossible de me débiner.
C'est ainsi que je me suis vue retourner sur les bancs de l'école en parallèle de ma vie active, avec, en plus du travail personnel, des déplacements mensuels d'une semaine à Paris-la-capitale.
C'est que ça vous chamboule le quotidien, une invention pareille. Gérer le boulot, l'intendance du logis, la vie sociale, les loisirs... et se faire violence pour lutter contre l'envie si tentante de tout envoyer bouler. Et encore, je vous joue la complainte de l'étudiante débordée, mais je n'ai pas de progéniture à m'occuper. Les mamans de ma promotion suscitent d'ailleurs toute mon admiration.
Retour sur une année folle.
Retour sur une année folle.
Commençons par la rentrée. Celle-là je l'ai attendue et redoutée autant que la dernière saison de Game of Thrones. Je me sentais invincible, mue par une motivation infaillible, prête à renoncer à toutes les douceurs de la vie pour finir major de promo. Spoiler : ça n'a pas duré.
Jour J. Bon, là, en l’occurrence, double stress, parce qu'en plus d'arriver à l'heure aux festivités, il fallait que les péquenauds que nous sommes prennent la bonne ligne de bus dans les méandres du réseau de la RATP. Et Châtelet aux heures de pointe, ça vend pas du rêve. Moi qui ai horreur d'être à la bourre, j'ai prévu large, tellement large que nous sommes arrivés trois-quarts d'heure en avance.
Nous avons pris place dans un amphi qui ne payait pas de mine, avec les bonnes vieilles tablettes tout sauf pratiques pour écrire, et qui ne m'avaient certainement pas manqué depuis ma dernière année de fac dix ans plus tôt.
Ah qu'ils sont mémorables, ces instants du début de l'année, lorsque tout le monde se dévisage, et que l'angoisse frappe chacun de nous à l'idée d'avoir à retenir tous ces nouveaux noms, tous ces nouveaux faciès.
Nos enseignants sont arrivés et ont pris un malin plaisir à terroriser leurs ouailles : "Et oui les enfants, attention, c'est pas de la rigolade, vous allez en ch**r." On nous a expliqué précisément le fonctionnement du schmilblick, les tenants les aboutissants du projet professionnel à mener, et les attendus sur la rédaction d'un mémoire de licence, qui est, selon la responsable "un écrit qui se veut presque philosophique." Ah ok, super, merci.
Nous avons pris place dans un amphi qui ne payait pas de mine, avec les bonnes vieilles tablettes tout sauf pratiques pour écrire, et qui ne m'avaient certainement pas manqué depuis ma dernière année de fac dix ans plus tôt.
Ah qu'ils sont mémorables, ces instants du début de l'année, lorsque tout le monde se dévisage, et que l'angoisse frappe chacun de nous à l'idée d'avoir à retenir tous ces nouveaux noms, tous ces nouveaux faciès.
Nos enseignants sont arrivés et ont pris un malin plaisir à terroriser leurs ouailles : "Et oui les enfants, attention, c'est pas de la rigolade, vous allez en ch**r." On nous a expliqué précisément le fonctionnement du schmilblick, les tenants les aboutissants du projet professionnel à mener, et les attendus sur la rédaction d'un mémoire de licence, qui est, selon la responsable "un écrit qui se veut presque philosophique." Ah ok, super, merci.
Premier cours l'après-midi. Le prestige de la formation a commencé à s'effriter avec une intervenante nullissime, au si piètre charisme que je n'avais même pas capté que c'était elle, la prof.
Côté étudiants, les langues ont commencé à se délier. Peu à peu, les profils de chacun se sont révélés, pour le meilleur... et pour le pire.
Le M. Je-Sais-Tout : Le premier à se manifester, pendant la première heure, du premier cours, de la première semaine. Puis qui a pris la fâcheuse manie d'étaler sa science à chaque séance (au point d'aller au tableau pour faire cours à la place la prof, si, si, bonjour la génance).
Au début, il me faisait méchamment paniquer ce garçon, parce que moi, j'étais une quiche monumentale sur le sujet qui nous rassemblait (d'où l'utilité d'une formation, justement). Je me suis dit que j'étais sacrément dans la mouise avec mon ignorance crasse en la matière.
Sauf qu'avec le temps, élève studieuse que je suis, j'ai bûché sur les basiques, et au fur à mesure de mes apprentissages, j'ai découvert une chose essentielle : ce garçon racontait absolument n'importe quoi, mais avec une telle conviction que le propos avait l'air véridique. Mon amour propre était sain et sauf.
Le beau gosse : Brun, ténébreux, peu bavard. Celui de la saison 2019-2020 peut s’enorgueillir d'avoir provoqué l'envolée de papillons chez la gent féminine ET masculine.
Côté étudiants, les langues ont commencé à se délier. Peu à peu, les profils de chacun se sont révélés, pour le meilleur... et pour le pire.
Le M. Je-Sais-Tout : Le premier à se manifester, pendant la première heure, du premier cours, de la première semaine. Puis qui a pris la fâcheuse manie d'étaler sa science à chaque séance (au point d'aller au tableau pour faire cours à la place la prof, si, si, bonjour la génance).
Au début, il me faisait méchamment paniquer ce garçon, parce que moi, j'étais une quiche monumentale sur le sujet qui nous rassemblait (d'où l'utilité d'une formation, justement). Je me suis dit que j'étais sacrément dans la mouise avec mon ignorance crasse en la matière.
Sauf qu'avec le temps, élève studieuse que je suis, j'ai bûché sur les basiques, et au fur à mesure de mes apprentissages, j'ai découvert une chose essentielle : ce garçon racontait absolument n'importe quoi, mais avec une telle conviction que le propos avait l'air véridique. Mon amour propre était sain et sauf.
Le beau gosse : Brun, ténébreux, peu bavard. Celui de la saison 2019-2020 peut s’enorgueillir d'avoir provoqué l'envolée de papillons chez la gent féminine ET masculine.
Celle qui ne captait rien : A la fin de l'année, tout le monde avait envie de la jeter par la fenêtre, parce qu'elle posait des questions à la con à chaque cours, à chaque demi-heure. A la fin, elle a dû sentir le ras-le-bol général, parce qu'avant de poser sa question débile, elle s'est mise à introduire le propos par un "Bon, je suis désolée, mais il y a un truc que je comprends pas." Désespoir.
La rebelle : Arrivant avec une heure de retard, se carapatant en milieu du cours après avoir décrété que ce n'était pas suffisamment intéressant pour sa petite personne. Ou parfois ne venant carrément plus du tout. A dire vrai, je l'ai si peu vue que je suis dans l'incapacité totale de vous dire à quoi elle ressemble, cette brave dame. Et quand elle nous faisait l'honneur de sa présence une fois tous les 36 du mois, elle demandait à la prof "Mais est-ce que vous pouvez réexpliquer cette notion, parce que j'étais pas là la dernière fois." Le culot à son paroxysme, provoquant à la fois admiration et consternation.
Les glandus : Plus précisément, ceux qui ont l'air de glander mais qui en fait glandent pas tant que ça. Ceux-là sont des impostures totales. On se dit qu'ils vont se rétamer parce qu'une semaine avant le partiel, ils ne sont toujours pas au courant de l'intitulé des matières, mais non, le jour des résultats, ils ont 12.5 partout.
La drama queen : Véritable tragédienne, elle sort effondrée de l'amphi croyant avoir raté ses partiels et s'en sort avec des notes pas trop crades. Ça c'est moi. J'ai fait le coup une fois avant d'avoir interdiction formelle de me plaindre.
J'ai par ailleurs découvert que la discipline en classe, que je croyais être à l'agonie, était en fait déjà morte, enterrée et oubliée. Désormais, les étudiants répondent au téléphone pendant les cours comme si de rien n'était ou sortent en plein milieu de la séance pour aller chercher leur Uber Eat. Nos professeurs ne sont pas en reste : aussi l'un d'eux envoyait à sa copine (sa femme ou sa maîtresse, on ne saura jamais) des textos avec des cœurs partout... pendant que ses étudiants passaient à l'oral.
Au delà de ces petites anecdotes cocasses mais sans grande incidence sur la scolarité, d'autres événements sont venus ajouter du piquant à une année qui n'en avait pourtant franchement pas besoin.
La réforme des retraites, ou plutôt le mouvement social qu'elle a provoqué, a perturbé nos plans de façon considérable. Je suis ainsi passée de "Combien de retard va avoir mon train" à "Il n'y a pas de train du tout". Nous pensions que tout s'était arrangé quand le trafic ferroviaire a repris (ô soulagement), mais c'était sans compter sur l'attaque massive du pangolin.
Alors, au début, c'était une "simple grippette", ça ne suscitait guère l'émoi. Nous prenions avec insouciance la ligne 4 du métro bondé, agrippant la barre métallique dégueu, collant nos doigts sur l'écran de notre smartphone avant de nous tripoter innocemment l'épiderme du visage (et dire que maintenant j'ai le haut-de-cœur quand je vois les candidats s'enlacer dans Top Chef, v'là le traumatisme post-pandémie).
La suite, vous la connaissez. Résultat : annulation des cours en présentiel, pour découvrir les plaisirs de la "conf call", ses bugs de connexion, et les âmes naïves qui continuent leur vie comme si de rien n'était en oubliant de débrancher leur micro.
Epique, c'était épique.
Mais cette année, ce fut aussi de chouettes moments et de belles rencontres (sortez les violons).
Les joies des apéros post-cours-de-formules-Excel-qui-durent-jusqu'à-19-heures
Les soirées pyjama à l'hôtel, à regarder Mariés au premier regard en mangeant des sushis avec les copines
Les flâneries dans les rues de Paris à admirer les illuminations de Noël, des étoiles plein les yeux
Les goûters chez Pierre Hermé
Les fous rires en cours après avoir totalement décroché du chapitre sur Solvabilité II (je vous en causerai un jour, c'est absolument palpitant)
Les histoires de plus en plus potaches partagées autour de plat italiens, vietnamiens ou même cantalous (la truffade c'est la vie)
Ces petits plaisirs de la vie estudiantine que l'on se remémore avec mélancolie, alors que l'année s'achève enfin et que l'on referme les ordinateurs portables en poussant un soupir de soulagement après la dernière soutenance orale.
En attendant le verdict.
La réforme des retraites, ou plutôt le mouvement social qu'elle a provoqué, a perturbé nos plans de façon considérable. Je suis ainsi passée de "Combien de retard va avoir mon train" à "Il n'y a pas de train du tout". Nous pensions que tout s'était arrangé quand le trafic ferroviaire a repris (ô soulagement), mais c'était sans compter sur l'attaque massive du pangolin.
Alors, au début, c'était une "simple grippette", ça ne suscitait guère l'émoi. Nous prenions avec insouciance la ligne 4 du métro bondé, agrippant la barre métallique dégueu, collant nos doigts sur l'écran de notre smartphone avant de nous tripoter innocemment l'épiderme du visage (et dire que maintenant j'ai le haut-de-cœur quand je vois les candidats s'enlacer dans Top Chef, v'là le traumatisme post-pandémie).
La suite, vous la connaissez. Résultat : annulation des cours en présentiel, pour découvrir les plaisirs de la "conf call", ses bugs de connexion, et les âmes naïves qui continuent leur vie comme si de rien n'était en oubliant de débrancher leur micro.
Epique, c'était épique.
Les joies des apéros post-cours-de-formules-Excel-qui-durent-jusqu'à-19-heures
Les soirées pyjama à l'hôtel, à regarder Mariés au premier regard en mangeant des sushis avec les copines
Les flâneries dans les rues de Paris à admirer les illuminations de Noël, des étoiles plein les yeux
Les goûters chez Pierre Hermé
Les fous rires en cours après avoir totalement décroché du chapitre sur Solvabilité II (je vous en causerai un jour, c'est absolument palpitant)
Les histoires de plus en plus potaches partagées autour de plat italiens, vietnamiens ou même cantalous (la truffade c'est la vie)
Ces petits plaisirs de la vie estudiantine que l'on se remémore avec mélancolie, alors que l'année s'achève enfin et que l'on referme les ordinateurs portables en poussant un soupir de soulagement après la dernière soutenance orale.
En attendant le verdict.
Chère Pauline
RépondreSupprimerTu es "definitely" une perle... J'adore ton style, tu es drôle et sans illusions ou drôle parce que sans illusions.. Bref, j'adore ton style.