Pour cette deuxième partie, je n'aborderai pas en détail la chronologie des événements, parce que ça serait bien trop redondant. Nous avons en effet au fil des jours mis en place notre petite routine : départ du gîte au petit matin, marche, pause pique-nique, re-marche l'après-midi, courses, installation au gîte, douche, repas et gros dodo. C'est ainsi que nous avons pu, jour après jour, effectuer notre périple et parcourir le tour de l'île dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Il y a quatre grandes communes sur l'île, et chacune d'elle était notre destination d'un jour. Notre parcours était scindé comme suit :
Jour 1 : Le Palais / Sauzon - 13 km
Jour 2 : Sauzon / La Pointe des Poulains / Borderune / Sauzon - 14 km
Jour 2 : Sauzon / La Pointe des Poulains / Borderune / Sauzon - 14 km
Jour 3 : Sauzon / Bangor - 26 km
Jour 4 : Bangor / Locmaria - 23 km
Jour 5 : Locmaria / Le Palais - 17 km
Etape bonus : Pointe des Poulains (bis), mais sous le soleil
Je dois avouer avoir eu des inquiétudes quant à ma capacité à tenir sur la durée, qui plus est avec mon gros barda sur le dos, mais la bonne surprise, c'est que mon corps a vite pris le rythme (il n'avait guère le choix). Dans l'ensemble, le périple se fait bien, mais il serait un peu facile après coup de dire que c'était une promenade de santé. Parce que Belle-Île, c'est tout sauf plat ! Ça monte, ça descend, ça remonte, et ça redescend encore. Je pense que le sentier de randonnée est d'ailleurs trop compliqué pour les sédentaires, mais malgré tout trop plat pour les vrais baroudeurs, ce qui fait que nous avions le chemin pour (presque) nous toutes seules, et ça, c'était royal.
Il faut vraiment avoir de la peau de saucisson devant les yeux pour ne pas voir que Belle-Île est un endroit absolument magnifique. En plus de la beauté de l'endroit, j'ai apprécié la diversité des décors, qui changeaient à mesure que nous nous déplacions. J'ai eu l'impression de passer du jour au lendemain des impressionnantes falaises irlandaises à la côte méditerranéenne.
En termes de météo, nous avons eu le derrière bordé de nouilles (décidément, la pâte est à l'honneur dans ce récit) puisqu'il a fait beau toute la semaine, à l'exception de quelques heures de pluie le deuxième jour. Un grand moment d'ailleurs. Quand les gouttes ont commencé à tomber, j'ai naïvement cru que cela n'allait pas durer, et que mon petit coupe-vent de footing serait amplement suffisant pour traverser la perturbation. Je suis du genre optimiste, après tout.
Sauf que ça a empiré. Sévèrement. Nous avons dû sortir en urgence nos capes de guerrières de la marche, qui nous couvraient à la fois le chef et le sac à dos. Si grand fut mon fou rire d'avoir pareille allure avec mon poncho-sac-poubelle, mes chaussures de rando qui prenaient la flotte et le bas du pantalon trempé, à essayer de maintenir mon équilibre, parce qu'en plus, tenez-vous bien, il y avait également des rafales de vent. Ambiance sur la falaise.
Les hébergements
Comme le veut le concept de la randonnée en itinérance, nous changions de point de chute à chaque étape de notre parcours. Les gîtes ne se ressemblaient pas : celui de Bangor venait tout juste d'être rénové alors que celui de Locmaria semblait avoir plus de vécu (et abritait des araignées dans les rideaux de douche, voilà pourquoi je suis perturbée par le souvenir). La plupart du temps, il n'y avait personne pour nous accueillir, et les lieux restaient ouverts, sans surveillance. Le vendeur de la boutique de sardines nous a confirmé que les Bellilois étaient relativement confiants et ne fermaient pas toujours la porte de leur maison à clef. Moi qui habite en plein centre-ville où cela est absolument inenvisageable, j'ai trouvé ça très beau.
Sur notre parcours, nous sommes passées par les lieux les plus touristiques de l'île et donc, plus peuplés. Il y a des visiteurs qui viennent sur l'île pour la journée, prennent les navettes pour voir ce qu'il y a à voir, prendre deux, trois photos, avant de repartir. Des touristes quoi. Mais je n'ai pas le droit de me montrer dédaigneuse à leur sujet, car je crois que nous sommes tous à un moment donné des touristes aux yeux des autres.
En ce qui concerne les endroits à voir, il y a la Pointe des Poulains, et la maison de Sarah Bernhardt. L'actrice avait en effet fait l'acquisition d'un des nombreux fortins de l'île, pour y passer ses étés, et avait remis l'endroit à son goût, notamment en faisant venir des grenouilles et... un crocodile.
La première fois que nous sommes venus sur les lieux, c'était pendant que nous nous prenions la saucée. La Pointe des Poulains était moche, et je n'ai même pas saisi que nous passions devant le fortin susmentionné. Comme nous avions du temps libre le dernier jour, nous avons refait le trajet, sous un grand soleil cette fois. Sûr que l'effet n'était pas le même. Voyez plutôt.
Autre bel endroit à voir absolument : les aiguilles de Port-Coton, immortalisées par Claude Monet et son oeuvre "Les Pyramides de Port-Coton". Comme je l'ai dit plus haut, le lieu est très fréquenté, et comme nous commencions à prendre goût à la tranquillité nous ne nous sommes pas éternisées, d'autant plus que ma paire de chaussettes propres était en train de sécher, suspendue à mon sac à dos et que je n'assumais guère.
J'ai également beaucoup aimé les grandes plages du nord de l'île, les falaises fleuries au sud, ou encore l'ambiance un peu apocalyptique à l'arrivée à Locmaria.
Enfin, j'ai adoré débrancher mon téléphone pendant que nous marchions, pour profiter pleinement de l'environnement dans lequel nous étions.
Je me souviens que nous avons passé cinq minutes à observer un moineau en train de se baigner dans une flaque d'eau. Nous savourions les petits plaisirs simples, comme celui d'enlever nos chaussures pour libérer nos pieds endoloris le soir à l'arrivée au gîte, de nous empiffrer de pâte à tartiner au chocolat (sans huile de palme) à la petite cuiller sur la plage, ou la satisfaction en franchissant la ligne d'arrivée de notre parcours. Je l'ai dit, la difficulté était largement surmontable, mais le dépassement de soi étant une notion très personnelle, j'ai failli me rouler par terre de bonheur lorsque j'ai aperçu au loin les remparts de Palais, d'où nous étions parties quelques jours plus tôt.
La boucle était bouclée.
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