C'est tout à fait par hasard, en parcourant le dossier d'un client faisant construire une maison à Belle-Île en Mer, que ma curiosité fut piquée et que je suis allée voir sur Google à quoi ressemblait l'endroit. Comme ça m'avait l'air de toute beauté, j'ai annoncé à ma sœurette vouloir y partir en long week-end ou en séjour prolongé, notamment pour y randonner. Cette dernière, toujours disposée à s'en aller en vadrouille, m'a alors gentiment proposé de regarder les possibilités d'organiser une semaine de vacances pour nous deux.
Cécé, ma sœur, c'est la Alexandra David-Néel de la famille. Un sac à dos, une toile de tente, une boîte de biscuits, et elle survit pendant un mois dans la pampa norvégienne en lavant ses chaussettes sales dans le ruisseau. Je vous jure.
Comme elle gère très bien l'organisation des voyages, je l'ai laissée préparer de A à Z notre petite expédition. Carte blanche donc. A la réception du planning prévisionnel, j'ai compris qu'elle m'avait mijoté une excursion aux petits oignons : tour complet de l'île (environ 90 kilomètres), en itinérance, avec le sac sur le dos. Ma réaction ?
Et je le mets où, mon maquillage ?
Véridique.
En vrai, partir avec l'ensemble de ses affaires de la semaine sur son dos n'est pas mince affaire, et la préparation fut un vrai casse-tête. Choisir c'est renoncer, l'expression prenait soudain tout son sens.
Cécé m'avait prévenue (parole de sage) :
N'oublie jamais que chaque gramme que tu ajoutes dans ton sac, tu devras le transporter toute la semaine.
Pour preuve, elle m'avait envoyé une photo de micro-boulettes de dentifrice, avec exactement le nombre nécessaire pour l'utilisation sur une semaine, tout ça pour ne pas se trimbaler le tube complet, parce que, dixit l'intéressée : "Ça pèse trop lourd" !
Dans quoi m'étais-je donc fourrée ?!
Mais moi, têtue comme un âne, je m'obstinais à vouloir bourrer dans ledit sac tout ce que j'avais prévu d'emmener (une culotte par jour, la base quoi). Jusqu'à ce que je fasse un essai pour le porter et que je réalise l'évidence, les larmes aux yeux : renoncer à ma dignité et mon confort devenait une absolue nécessité si je ne voulais pas perdre une épaule dans la bataille.
C'est donc affublée de mon étrange attirail, mes grosses godasses, mon sac à dos format XXL et les batons de rando accrochés aux bagages que j'ai traversé le centre ville d'Angers pour me rendre à la gare puis retrouver ma Cécé à Nantes.
Pour aller sur l'île, nous sommes passées par Vannes, et c'est au petit matin que nous sommes allées sur le port pour prendre la navette. Bon. Le bateau c'était rigolo au début, quand nous voguions tranquillement dans le golfe du Morbihan. L'accélération en pleine mer fut un peu épique pour mon mal de mer. Pauvre, pauvre estomac. Je devais être bien pâlichonne à notre arrivée à Palais, deux heures après notre départ. Pâlichonne, et frigorifiée, parce que, tellement douée dans l'anticipation de la météo, j'avais oublié des épaisseurs. Une séance de shopping express plus tard, j'avais trouvé la marinière de mes rêves, toute chaude avec son 100 % coton. L'ordre des choses était rétabli, ma température corporelle aussi. J'étais prête à partir à l'aventure.
Nous avons attaqué la randonnée de suite, en direction de Sauzon. Le temps, maussade jusque là, s'est peu à peu éclairci et nous avons pu commencer à comprendre pourquoi Belle-Île était si populaire, entre la beauté d'une côte sauvage et une eau d'un bleu transparent. Au bout d'une heure j'avais déjà rentabilisé émotionnellement mon trajet.
13 kilomètres plus tard, nous avons commencé à apercevoir les contours du petit port de Sauzon. La vue m'était familière, et pour cause : c'est l'un des endroits où fut tournée la série Dolmen, la saga de l'été de TF1, sortie il y a quinze ans, et dont l'incohérence scénaristique était proportionnelle au décolleté d'Ingrid Chauvin.
Nous avons pris le car pour retourner à Palais, où nous devions passer notre première nuit, en auberge de jeunesse. Enfin, jeunesse, c'est manière de dire. Voilà qu'une fois encore, je séjournais avec le troisième âge (comme à l'UCPA, vous vous souvenez ?)
Je les aime bien, moi, ces lieux de villégiature collectifs. On rencontre du monde, on dort dans des lits au moelleux discutable, et aller prendre sa douche relève de l'expédition. C'est pittoresque, et on en garde de délicieux souvenirs.
Pour le repas du soir : platée de nouilles au thon-pesto. Franchement, quand vous avez marché toute la sainte journée, les coquillettes, c'est le Saint-Graal alimentaire. Ça et la Pom'Potes. Trois étoiles Michelin, je vous dis.
Ainsi s'est achevée notre première journée insulaire, avec un coucher comme les poules, pour mieux repartir le lendemain matin.
De bonne heure, et de bonne humeur, bien évidemment.
A suivre.
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