Eté indien

Je vous avais annoncé des récits réguliers de mes aventures canaulaises, force est de constater que j'ai failli à ma tâche. La faute à un emploi du temps de ministre, je comprends à présent ces retraités qui clament sans cesse que leur planning est des plus chargés (ce qui justifie leur passage à la caisse de Monoprix à 18 heures en semaine, n'est-ce pas). Bref, me voici de retour en terres angevines, insensible à la beauté des couleurs d'automne, la larme à l’œil, le cœur serré, parce que j'ai passé une semaine absolument fantastique au soleil. De si bons moments que je ne sais même pas par où commencer.


Le bilan de ma première matinée d'équitation était des plus positifs. Rappelez-vous, j'avais brossé ma belle monture, fait quelques tours de carrière au trot, et je pensais que j'allais m'en tirer comme ça sans trop me fouler la rate jusqu'à la fin de la semaine.

Naïve que j'étais. 

Déjà, je tiens à souligner que l'image du cavalier qui n'en fiche pas une ramée et du cheval qui fournit tous les efforts n'est rien qu'un mythe STU-PIDE, une aberration totale. En témoignent tout d'abord mes multiples bleus, qui s'étalent de mes mollets jusqu'à mes cuisses, mes courbatures (le trot enlevé c'est formidable comme exercice de gainage) et des douleurs indicibles dans des endroits de mon anatomie que l'on n'évoque normalement pas dans des conversations polies (heureusement que j'avais investi dans du pantalon spécialement prévu pour le sport susmentionné, merci Décathlon).

Mais comme si cela ne suffisait pas, Jeannine, ma prof, a décrété que je me débrouillais plutôt bien et m'a donc fait faire du galop (le mercredi), et du saut d'obstacles (le jeudi). J'étais perplexe quand je l'ai vue préparer la barrière, persuadée que nous allions un petit peu vite en besogne. La première fois, c'est passé crème. C'est une drôle de sensation tout de même que de sentir le cheval faire un saut de cabri, j'imagine qu'on y prend du plaisir au bout d'un moment, mais moi j'avais un peu de mal à trouver mon équilibre et n'étais donc pas hyper à l'aise dans mes bottes. 

Troisième passage, je ne suis pas restée assez collée à la selle, de facto la réception fut quelque peu hasardeuse, et là, ce fut le drame. J'ai fait un joli remake de "I believe I can fly", et j'ai fini le pif dans le sable. Le bassin a cogné un peu fort, et sur le coup, j'ai eu très très mal. Comme je suis parvenue à me relever rapidement après avoir repris mes esprits, Jeannine a décidé que j'étais encore en état... et m'a fait remonter, pour mieux recommencer. Le vol plané fut formateur, parce que les sauts suivants, je me suis mieux positionnée, et j'ai réussi sans problème. Comme quoi. Je ne suis pas traumatisée par le canasson, c'est déjà ça.

Le dernier jour fut plus calme : une balade dans les bois était prévue, avec quelques séances de galop et de trot dans la pinède, c'était chouette. En me disant au revoir, Jeannine m'a demandé si je prévoyais de remonter prochainement et que ce serait du gâchis d'attendre longtemps pour m'y remettre. Parait-il que j'ai du POTENTIEL. Et ouais. 

Je vais y réfléchir... 

Une fois que j'aurais récupéré l'usage de mes membres.


Le reste de mes journées se passait selon le schéma suivant :
  • 12 h : repas avec les copains (dehors, la plupart du temps, merci les cieux d'avoir été aussi cléments, 26 °C ce vendredi). Je le redis, mais les chefs du centre se démènent dans la préparation de la bonne pitance, et j'ai vraiment trop bien mangé (mention spéciale au porc au caramel du dernier jour, j'aurais dû demander un doggy bag pour mon trajet Bordeaux-Angers ça m'aurait économisé 5 euros de sandwich jambon-beurre à la Brioche Dorée) ;
  • 14 h : sieste dans les hamacs du centre ;
  • 15 h : piscine ou plage, je suis même parvenue à me baigner jusqu'aux hanches (pour apaiser mon bassin souffreteux et me rapprocher des surfeurs) ;
  • 19 h : apéro devant le coucher de soleil ;
  • 19 h 30 : dîner au centre ;
  • 21 h : soirée avec les petits camarades, selon ce qui était organisé par l'UCPA. 
Histoire de dire que je faisais du sport (il fallait bien justifier l'intitulé "Vacances sportives"), je prenais mon petit vélo ou mes jambes pour passer d'un point A à un point B, mais je pense qu'en terme de balance énergétique, je suis dans le rouge malgré tout. Nous blâmerons le glacier de la rue principale qui vendait des sorbets à tomber par terre (il y avait tellement de parfums que j'étais bien obligée de revenir tous les jours pour tout goûter) et ma découverte du Monaco (j'ai vécu dans l'ignorance pendant 29 longues années).

On m'avait vendu les séjours UCPA comme étant de grandes ribouldingues où tout le monde festoie à foison, mais l'ambiance était plutôt portée sur des parties de UNO avec un coucher aux alentours de 22 heures. Au secours. Inconcevable pour l'hyperactive que je suis. Je sais bien que nous sommes au mois d'octobre, que les soirées sur la plage autour du feu à brûler des marshmallows ne sont plus d'actualité, mais quand même. 

Heureusement, le centre accueillait cette semaine un groupe d'anciens (60-70 ans au moins) qui venaient se former au golf, et dans le lot, il y avait une bande de joyeux drilles, très très en forme, qui, le jeudi soir, après le dîner, se sont mis à chanter "Les lacs du Connemara".

J'ai senti qu'il y avait une ouverture pour passer un moment sympa, aussi me suis-je jointe à eux avec quelques autres de mon groupe, et nous avons improvisé une soirée karaoké endiablée. J'ai rendu au passage hommage à M. Aznavour (paix à son âme) en chantant "La Bohème", mais la chose n'était point évidente car avec mes nouveaux copains alcoolisés qui braillaient dans mes oreilles, je n'avais aucun retour de voix. Mais le cœur y était.

Merci les papis-mamies (surtout les papis, puisqu'après minuit il ne restait plus qu'eux, accoudés au bar à chanter de la chanson paillarde - j'ai découvert que "La digue du c**" était un concentré de poésie, une pensée pour mes chastes oreilles qui ne s'attendaient pas à ça). Soirée UCPA animée par le troisième âge, inattendu, certes, mais qu'est-ce-que nous avons rigolé. Ils ont tous insisté pour me faire la bise en quittant le centre le lendemain matin. Quel succès... Tant et si bien que j'ai été contrainte de recaler un pépé en lui expliquant qu'après 45 ans je ne prenais plus... Il y croyait, pourtant, le bougre.

Le lendemain, rebelote. Boum organisée par le centre, et là encore, personne ne voulait vraiment danser. Hyper décevant. Avec un copain surfeur (on a sympathisé à force de squatter à notre QG le bar), on a tenté le tout pour le tout pour sauver la soirée et on a joué la bonne vieille playlist des années 80. Alléluia. Les gens se sont enfin décidés à venir se remuer l'arrière-train (d'ailleurs, j'aurais mieux fait de reposer le mien, d'arrière-train, après ma performance à cheval, mais l'appel du Madison et le pouvoir anesthésiant du houblon a été plus fort que tout.)

L'émotion était palpable avant le départ hier. Des vrais "au revoir" de colonies de vacances, quand on a passé une super semaine avec les copains, entre bains improvisés dans l'océan à 3 heures du matin, le beach-volley de nuit, et les fous rires dans la piaule (mes copines de chambrée étaient adorables)...

Trop dur de repartir.

Dans l'histoire, j'en ai oublié les jours, les dates, l'actualité, et le boulot. Et ça c'est magique. Parait que ça sert à ça, les vacances. 

Vous l'aurez compris, j'ai été plus que conquise par le concept du séjour UCPA. Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis pour que je m'amuse comme une folle : des activités au grand air, une équipe sympa, une ambiance bon enfant et de la bonne bouffe.

Je me tâte déjà à repartir. 

Et je crois qu'il est grand temps que j'apprenne à skier... 

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