En ce moment, il y a un sujet qui revient souvent sur le tapis dans les conversations, et ce quels que soient mes interlocuteurs : mon célibat. Bouh. J'étais à peu près tranquille quand j'étais carapatée au-delà des frontières, mais là, ça y est, bientôt un an que je suis rentrée en territoire français, et le monde ne semble pas comprendre que depuis le temps, je n'aie point trouvé chaussure à mon pied.
Je confesse sans honte ne rien capter au comportement du mâle. Je suis très scolaire, moi. Avec des textes, des cours, des explications, des procédures, je peux apprendre le japonais, le schisme anglican, le code html, les rouages de l'assurance construction, tout ce que vous voulez. Mais ça, rien à faire. Et comme personne n'a encore été fichu de m'expliquer le fonctionnement de l'individu masculin, et que chaque conversation avec les copines se conclut par un "Bof, cherche pas, tu sais les hommes, c'est compliqué", et bien je me dis que, mes aïeux, je suis pas sortie du sable.
Mais là n'est pas l'objet de cet article. Ce qui m'amuse (ou m'horripile selon mon humeur et l'alignement des étoiles), c'est la réaction du public quand je l'informe de ma situation. Grosso modo, ça donne ça :
- Popo, tu as un mec ?- Non.- Pourquoi ?!- ...
Autre variante :
Une fille jolie et intelligente comme toi, comment ça se fait ?!
Notez que j'apprécie le compliment. Si, si. En revanche, le sous-entendu sur un possible vice caché qui justifierait la chose, un peu moins. Comme si mon interlocuteur s'imaginait que je dissimule des choses absolument abominables, comme un troisième bras au niveau de mon ventre ou la pratique d'orgies sataniques les soirs de pleine lune.
Il y a ceux qui ont la réponse ultime au problème, accusatrice au possible :
Oui, mais tu es trop exigeante aussi !
Ou encore :
Mais Popo, le Prince Charmant ça n'existe pas !
Que l'on se rassure, vu ce qu'on nous propose sur le marché des esseulés, il y a fort fort longtemps que j'ai fait une croix sur le grand-brun-barbe-naissante-chemise-blanche-remontée-aux-avants-bras-sexy-intelligent-aventurier-drôle-sérieux-fidèle-sportif-bricoleur-qui-aime-la-campagne. Mais il y a des critères auxquels je ne peux pas déroger. Du genre : l'orthographe. Oui je sais, je suis psychorigide du Bescherelle, mais c'est pas de ma faute si, quand un Apollon me sort un "Salut sa va" ou "Oui comme même", j'ai la nuée de papillons dans mon ventre qui prend son envol telle un groupe de Monarques migrateurs en partance pour le grand sud.
Nous avons enfin ceux qui ont tout compris, et qui arrivent carrément à la conclusion imparable et mathématique que, étant donné qu'ils ne m'ont jamais vue avec un être du sexe opposé, c'est que je dois probablement être lesbienne. Là c'est normalement l'instant où, en proie à la consternation, je rends les armes et abandonne.
Parfois, je me risque à expliquer (calmement car je ne suis que paix et amour), que non, mon bonheur n'est pas conditionné à la présence d'un homme dans ma vie, que c'est très réducteur comme vision de l'existence et que je trouve ça d'un triste d'attendre d'être avec quelqu'un pour faire ce qu'on a envie de faire. Il y a quand même des âmes sensées (ou ouvertes d'esprit, c'est selon) qui admettent que "Oui, c'est vrai, tu as raison". Alléluia. Merci les gens.
Parfois, je me risque à expliquer (calmement car je ne suis que paix et amour), que non, mon bonheur n'est pas conditionné à la présence d'un homme dans ma vie, que c'est très réducteur comme vision de l'existence et que je trouve ça d'un triste d'attendre d'être avec quelqu'un pour faire ce qu'on a envie de faire. Il y a quand même des âmes sensées (ou ouvertes d'esprit, c'est selon) qui admettent que "Oui, c'est vrai, tu as raison". Alléluia. Merci les gens.
Mon chef en a récemment discuté avec moi (en tout bien tout honneur, je précise, je vois déjà les mauvaises langues s'offusquer). Bon, lui c'est un peu différent, c'est arrivé au détour d'une conversation qui n'avait rien avoir avec le sujet. Je lui expliquais mon envie de concocter de bons desserts à apporter au bureau le lundi matin, et que mon appartement actuel, étant un peu riquiqui, ne me permettait pas d'avoir un four pour l'instant, ce à quoi il m'a répondu, tenez-vous bien :
Trouve-toi un mec avec un four !
Voilà comment mon responsable, en plus de prendre des décisions stratégiques pour assurer la pérennité d'une boîte employant deux-mille âmes, s'est investi d'une mission divine : caser la Popo, et tout ça pour manger de la tarte au citron meringuée maison (véridique). J'ai sauté sur l'occasion pour lui suggérer qu'il fasse une demande de formation "Les bonshommes pour les nulles" au service Ressources Humaines (véridique aussi). J'attends toujours une réponse de leur part.
Mais j'ai envie de vous dire que les gens que l'on rencontre, les collègues, les amis, ça se gère à peu près. Là où ça devient compliqué, et mes semblables céli-battantes ne pourront qu'approuver mon propos, c'est quand surviennent les événements que l'on appelle communément "repas de famille".
Que celui qui a inventé ce concept soit maudit sur vingt générations.
Ne vous méprenez pas : j'affectionne particulièrement retrouver mes proches pour fêter la naissance du petit Jésus ou la prise de la Bastille, surtout qu'en général, les repas sont mitonnés aux petits oignons et c'est Ibiza dans mes papilles gustatives. Là n'est pas le problème. Ce qui me chiffonne, c'est ce passage entre l'apéro et l'entrée, où Tonton sort la phrase-qui-tue :
Que celui qui a inventé ce concept soit maudit sur vingt générations.
Ne vous méprenez pas : j'affectionne particulièrement retrouver mes proches pour fêter la naissance du petit Jésus ou la prise de la Bastille, surtout qu'en général, les repas sont mitonnés aux petits oignons et c'est Ibiza dans mes papilles gustatives. Là n'est pas le problème. Ce qui me chiffonne, c'est ce passage entre l'apéro et l'entrée, où Tonton sort la phrase-qui-tue :
Alors Popo, quand est-ce que tu ramènes un mec ?
Moment de solitude. Alors on s'empêtre, on essaye de se justifier et on balbutie. Comme si on avait fait une bêtise. Ou comme s'il fallait admettre devant l'assistance qu'on est vraiment empoté en la matière.
Non mais je rencontre du monde quand même hein...
Je vous jure. La honte.
(Et puis envoyer péter les gens n'est dans le cas présent pas concevable. La famille quoi. Une conspiration vous dis-je.)
Du côté du champ de tirs, ça ne se laisse pas démonter :
Oui, parce qu'on voudrait assister à la noce, nous.Ah d'accord. Les épousailles maintenant. Formidable. Mais la montée en puissance ne s'arrête pas là, que nenni. Parce que maintenant, les repas de famille sont animés par la progéniture des cousins / cousines, d'où le commentaire à suivre, apothéose de la discussion :
Et quand est-ce que tu fais un gosse ?Puis le coup de grâce :
Ben oui, tic, toc, tic, toc.
Inspirer.
Expirer.
Ôm.
Paix intérieure.
Je suis flattée, vraiment, de vous voir tant préoccupés par la date de péremption de mes entrailles. Mon utérus va très bien, je vous remercie. Oh mon verre est vide. Mayday. MAYDAY.
Et là tu essayes de rester digne, attendant impatiemment l'arrivée salvatrice de la salade composée ou du foie gras.
Pour conclure ce cri du cœur, je citerai Le Journal de Bridget Jones, grand recueil philosophique (ou presque) paru en 1996 abordant notamment des thèmes comme les régimes, les patrons séduisants ou l'enfoirage affectif, et qui résume bien ma pensée sur le sujet ci-dessus abordé (la vulgarité en moins, car je suis une princesse) :
Pour conclure ce cri du cœur, je citerai Le Journal de Bridget Jones, grand recueil philosophique (ou presque) paru en 1996 abordant notamment des thèmes comme les régimes, les patrons séduisants ou l'enfoirage affectif, et qui résume bien ma pensée sur le sujet ci-dessus abordé (la vulgarité en moins, car je suis une princesse) :
Résultat, il y a toute une génération de femmes célibataires, comme moi, qui gagnent leur vie, ont un appartement, se payent du bon temps, qui n'ont pas à laver les chaussettes de leur conjoint. Et on serait parfaitement à l'aise dans nos baskets sans les con***** dans votre genre qui conspirent pour qu'on se sente anormale sous prétexte que vous êtes jaloux !Note : cet article est à prendre au second degré. Les gens, je vous aime quand même :)
Copyright photo : Universal Studios
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