Trouble à Séoul, partie 11

Dimanche matin, retour à Insadong, pour achever nos derniers achats de souvenirs. Notre présence dans le quartier traditionnel de la ville imposait un passage à la boutique d’essayage de la tenue folklorique du pays : le hanbok. Nous avons ainsi pris nos plus belles poses devant les fonds roses bonbon proposés dans le photomaton. Tant d’efforts méritaient bien une petite collation : nous avons acheté à manger au poop-coffee, dont le thème est le caca. Oui vous avez bien lu. Ce pays était décidément plein de surprises (et de bon goût). J’ai donc dégusté un délicieux gâteau en forme d’étron, fourré au chocolat.    


Le soir, nous sommes allées manger un barbecue avec la famille d’accueil d'Aspasie, l’occasion pour nous de rencontrer les parents des enfants. Tout le monde parlait bien anglais, donc c’était relativement facile de communiquer. Le restaurant où ils nous ont emmenées était assez traditionnel, et pour la première fois j’ai dû enlever mes chaussures pour aller m’agenouiller devant la table où le repas était servi. C’est sympa de manger dans cette position, mais je ne vois raconte pas l’état de mes articulations en me relevant ! 



Après le repas, nous avons fait un détour par une église (nous étions curieuses de voir à quoi pouvait ressembler une église à Séoul). En l’occurrence, celle qui nous a été présentée était des plus modernes : la fontaine dans le milieu me donnait plus l’impression de rentrer dans le hall d’un hôtel que dans un lieu de prière. Il y avait même des écrans qui diffusaient la messe en cours ! Nous sommes montées jusqu’à la grande salle où elle avait lieu. Surprise : l’endroit ressemblait à s’y méprendre à un amphithéâtre d’université, et le prêtre lisait son sermon, habillé en costume cravate ! Après cette visite insolite, notre petit groupe est retourné à l’appartement, et nous avons joué un peu avec les enfants.

Jenny m’a innocemment demandé : “Pauline, ça te fait quoi de savoir que tu vas bientôt avoir 30 ans ? En âge coréen, je veux dire…” Je lui donne le bénéfice de sa jeunesse pour avoir eu le culot de me poser pareille question. Je sais que je me fais vieille, merci bien ! Mais j’évoque surtout cette anecdote pour expliciter ce concept d’âge coréen, un peu déstabilisant pour nous pauvres occidentaux : en effet, pour le calcul de l’âge, les Coréens ne prennent pas comme point de départ la date de naissance, puisqu’ils incluent dans leurs comptes les neufs mois de grossesse, arrondis à un an, ce qui fait déjà gagner un an de plus. Ajoutez à cela qu’ils ne tiennent pas compte du jour et du mois de naissance quand ils font le total des années et vous pouvez ajouter encore un an.

Mes propos vous semblent sibyllins ? Un petit exemple : je suis née en août 1989 (mais vous le saviez déjà, n’est-ce pas ?), donc ici en Europe, à l’heure où j’écris (février 2016), j’ai 26 ans. Mais comme ils se moquent de savoir à quelle moment de l’année je suis née, ils vont calculer tout simplement 2016-1989 = 27. Additionnez à cela la période passée dans le ventre de ma Wonder-Maman, grosso modo 1 an, et BIM, je passe à 28 ans ! Déprimant. Mais c’est bon à savoir quand on rencontre un petit jeune bien charmant, ça peut éviter de se retrouver dans une situation inconfortable.

Jenny m’a également sorti qu’elle était trop grosse. Je lui ai dit qu’elle était très bien et qu’elle n’avait pas de raison de se tracasser. Ça a avait l’air de la travailler quand même, ce qui me fait revenir au culte de la beauté et du physique.

Les Coréens aiment la minceur. Au point que des parents promettent à leur gamine de lui offrir un nouveau téléphone portable si elle parvient à perdre 5 kilos ! De même, ce sont des adeptes de la chirurgie esthétique : la majorité des demoiselles est déjà passée sur le billard (certains parents offrent une opération à leur progéniture à l’obtention de leur examen scolaire final !) et il y a de la publicité partout dans le métro. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser dans la rue des petites jeunettes au visage boursouflé et tuméfié parce qu’elles viennent de sortir de la clinique. Stupéfiant. 


Ajoutez à cela un goût prononcé pour le maquillage  et la mode, et vous obtenez le canon de beauté de la Coréenne : mince, refaite de partout, le teint pâle et bien habillée. D’où ma prise de conscience : avec mon gras de rillettes impossible à déloger de mes hanches, ma peau qui aime bien le soleil et un style vestimentaire discutable parce que je faisais ma touriste, ils ont tous dû me prendre pour la reine des boudins ! Rendons-nous à l’évidence, la seule chose qui m’a sauvée là-bas, c’est mon aspect exotique (rires).

Après avoir laissé la petite famille, je voulais profiter de ma dernière soirée à Séoul. Au fond de moi je serais bien retournée au K-Pop bar mais il n’était pas du tout dans le même secteur. Nous nous sommes contentées d’un bar tranquille pour déguster une dernière bouteille de soju.

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