Le vendredi matin, rendez-vous à Dongdaemun avec Aspasie. La température avait bien remonté, mais en contrepartie, il faisait un moche temps. En début d’après-midi, nous avons fait un tour dans les magasins de Dongdaemun mais le shopping étant loin d’être mon passe-temps favori, je me suis très rapidement lassée et ai décidé de retourner pioncer un coup à l’auberge, ce qui m’a bien requinquée. Et heureusement, car le soir se jouait notre retour au Damotori, partie 3 !
“Tous aux abris, elles reviennent !”, qu’ils ont dû se dire en nous voyant débarquer de nouveau. Moi j’étais ravie à l’idée de revoir mon mignon en pull-over. Cette soirée a quand même été beaucoup plus sage que celle du lundi (on pouvait difficilement faire pire, remarquez). Une fois de plus, on a chanté, dansé, et fait selfie sur selfie. Une fois de plus, on a fait la fermeture du bar. A force de squatter dans les parages, on a commencé à discuter avec un des serveurs (le collègue du mignon donc), qui nous a proposé d’aller au karaoké après. Nous étions un peu complexées parce que le jeune homme chante super bien. La honte quand je suis passée après et que j’ai littéralement massacré la chanson de La Reine des Neiges ! Lui et ses copains n’ont pas eu l’air de m’en vouloir des masses puisqu’ils nous ont emmenées boire un café (il était encore bien trois ou quatre heures du matin, mais quelle vie on mène je vous le demande ?!) J’ai ainsi appris ma première vraie phrase en coréen : “Et-ce que je pourrais avoir un latte au thé vert s’il vous plaît”, utile à ma survie dans Séoul. Je suis allée commander toute seule comme une grande, et je suis revenue avec ma boisson, tellement fière de mon réussissement. Ça m’a rappelé avec nostalgie mes débuts en Angloisie, quand j’étais absolument incapable de commander un godet (d’aucuns diront que je me suis quand même sacrément bien rattrapée !)
Le samedi matin, grosse déception : le temps était infâme. Mais comme nous sommes des femmes positives, nous nous sommes dit qu’en terme de météo nous avions déjà été plus que chanceuses jusqu’à cet instant. Au programme de la matinée : balade jusqu’au marché couvert de Gwangjang, où je m’étais déjà rendue la semaine précédente, pour manger, encore et toujours. Le menu du jour était composé de galettes de légumes, de poulpe et de raviolis.
Nous nous sommes installées sur un mini-banc au premier stand, celui où s’étalaient légumes frits et viande frites. Du gras, du gras, et toujours du gras. Mais ce que j’attendais le plus, c’était la dégustation au stand de poulpe. A notre arrivée, l’animal nageait encore dans son aquarium. Une fois la commande passée, une petite mamie toute frêle l’a attrapé à main nue, avant de le massacrer sous nos yeux à coup de couteau. Puis elle nous a apporté une petite assiette avec les tentacules du pauvre animal qui bougeaient encore (la faute aux nerfs, c’est comme les canards que l’on décapite et qui prennent malgré tout leur envol - référence poétique à ma jeunesse champêtre).
Nous avons passé cinq minutes à regarder ces petits bouts de poulpe cru gesticuler dans leur jus (en décrivant la scène je me rends compte de la cruauté de la chose). Je me suis enfin lancée pour essayée d’en attraper un bout avec mes baguettes. Alors déjà que je galère avec de la denrée immobile, je ne vous raconte pas la bataille pour récupérer de la bestiole en mouvement. Finalement j’y suis parvenue, et une fois le morceau dans ma bouche, il fallait bien croquer, parce que sinon, ça bougeait encore dans mon intérieur, et en plus les ventouses s’accrochaient à mes joues. Drôle de sensation. L’intérêt gustatif du poulpe crû est quelque peu limité, il s’agissait surtout de goûter à un plat un peu insolite. Nous n’avions plus très faim quand nous avons atteint le troisième et dernier stand, celui des raviolis. Quel bonheur pour mes mirettes et mes papilles, des tas de mandu partout !
Après le repas, nous avons tenté tant bien que mal de nous frayer un passage dans la foule. Nous sommes passées devant un groupe de Chinois avec appareils photos et caméras. A priori, l’un d’entre eux, aux cheveux décolorés, présentait un reportage. Quand il nous a vues, il nous a harponnées, avant de nous demander d’où nous venions. L’interrogatoire fini, il nous a expliqué qu’il tournait une émission pour une chaîne télévisée en ligne, à l’occasion du nouvel an chinois et qu’à cet instant précis, environ 200 000 chinois nous regardaient. La panique s’est emparée de nous : “On est en train de passer à la télévision avec nos têtes de déterrées !” Nous allions ruiner en cinq minutes la réputation de la française classe et distinguée (enfin ce qu’il en restait). Mais il nous a montré un aperçu de ce qui était diffusé, et merci mon Dieu, le faible éclairage jouait en notre faveur. L’honneur était sauf. On a souhaité la bonne année aux téléspectateurs et avons repris notre petit bonhomme de chemin au milieu de la cohue.
Entre temps, il s’est mis à tomber des trombes d’eau, donc nous avons un peu galéré à retourner à l’auberge. J’ai piqué un petit somme (pour changer) et je me suis fait toute belle (autant que faire se peut avec les cernes qui avaient pris possession du dessous de mes yeux). Talons aux pieds, jupe ras du popotin, rouge vif aux lèvres, le trio infernal que nous formions s’est dirigé vers Hongdae, pour aller au club. Mais pas question d’y aller le ventre vide, donc Aspasie nous a emmenées dans un restaurant qui sert des pajeon, des galettes à base d’œufs et de farine, agrémentées de légumes (et de fromage dans notre cas).
Et là, surprise ! Nous sommes tombées sur boys-band, avec un groupe d’amis américains (les Etats-Unis possèdent une base militaire à Séoul, d’où la présence de ressortissants américains dans la capitale). Nous l’avons laissé consommer son repas avec ses comparses pendant que nous, et bien nous entamions l’apéro avec du makgeolli, un alcool que je ne connaissais pas. Concrètement, ça a un aspect un peu laiteux et peu ragoûtant, et le goût d’une bière. En ce qui me concerne, je n’ai pas trop aimé.
Boys-band s’est joint à nous avec un ami à lui et nous sommes allés boire un verre dans un bar à cocktails, un peu plus semblable à ce que nous pouvons trouver en Europe. Puis le jeune homme nous a abandonnées pendant que nous prenions le chemin de la boîte de nuit hip-hop, le NB.
Inutile de décrire l’intérieur : c’était un club somme toute identique à tous les clubs que j’avais déjà fréquentés dans ma vie. Nous nous sommes mêlées à la foule pour danser, mais ça ne faisait pas cinq minutes que nous y étions que nous avons été prises en chasse par les mâles en rut des environs. J’ai déjà consacré un paragraphe plus haut aux techniques de drague foireuses des Coréens, mais cette nuit-là, le niveau a encore atteint des sommets. Pas d’approche, pas de discussion, non. Le mâle de Séoul va droit au but : il colle peu subtilement son pelvis à l’arrière-train de sa proie, et commence à danser collé-serré. C’est assez déroutant, d’autant plus qu’il y a un moment où il faut quand même demander à ses copines : “Mais à quoi ressemble son faciès au fait ?” Je ne suis moi-même pas une grande adepte des boîtes de nuit, mais découvrir le monde de la nuit de Séoul s’est avéré être une expérience des plus intéressantes (et puis j’ai pu m’entraîner à commander des Jager Bomb en coréen, ce qui n’est pas négligeable).
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