Trouble à Séoul - Prologue

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de revenir rapidement sur les raisons qui m’ont poussée à traverser la moitié du globe pour me rendre dans la capitale sud-coréenne.  Il est de notoriété publique que l’Asie me passionne, et ce depuis de nombreuses années. 

Toutefois, cet engouement s’est toujours plus ou moins concentré sur le Pays du Soleil Levant, en témoignent mon apprentissage du japonais, mon goût pour les takoyaki, et les posters d’idoles de pop nipponne qui ont au temps jadis tapissé les murs de ma chambre. A la question « Où rêves-tu d’aller ? », je répondais sans hésiter : Tôkyô. Je m’imaginais bien errer dans le quartier de Shibuya, m’empiffrer de pâtisseries aux haricots rouges et faire ma groupie dans la salle de concerts du Tôkyô Dôme.

A contrario, la Corée du Sud ne me fascinait guère. J’avais bien eu vent des tubes à la mode là bas, mais sans plus, et la langue me semblait n’être qu’une soupe imprononçable. Il n’y avait donc a priori aucune raison pour que je me décide à prendre mon envol vers cette destination.

Oui, mais c’était sans compter sur la petite Aspasie (pseudonyme).

Je propose aux novices un petit saut de près d’une décennie en arrière, pour partager l’anecdote de notre « rencontre », qui n’en a pas vraiment été une pendant un bon nombre d’années. Aspasie, je l’ai connue sur Tchatche.com (là, c’est le moment où le lectorat se gausse à gorge déployée.) Au début, nous n’avions en commun que notre passion pour l’Asie, et notre hystérie à l’égard d’éphèbes quelques peu efféminés (doux euphémisme). Le temps a passé, et alors que nous commencions à avoir une vraie vie en dehors de notre centre d’intérêt quelque peu discutable, nous avons pris un peu de distance. Et puis Facebook a fait des miracles, et peu à peu, nous avons partagé plus que des « Oh punaise tu as vu le nouveau clip des Kat-tun* ? », jusqu’au jour où il fut décidé qu’il était temps de se voir en chair et en os. Le moment tant attendu eut lieu à la station de métro de Pimlico à Londres. C’était au mois de janvier 2013.

Je termine cette séquence nostalgie pour revenir à nos moutons. Aspasie s’est envolée au mois de mai 2015 au Pays du Matin Calme pour y effectuer le travail de fille au pair. Elle avait l'air de tellement s'éclater qu'elle est parvenue à me convaincre de la rejoindre. Sidonie, une amie à elle, s’est ensuite jointe au projet, parce que plus on est de fous (de folles en l’occurrence), plus on rit. Et voilà. Nous étions prêtes à nous envoler à l’autre bout du monde.
* Kat-tun : boys-band à succès de la fin des années 2000

Le grand départ

Je suis donc partie le jeudi 4 février 2016, à 17 heures, avec une escale de deux heures à Amsterdam. En montant dans le deuxième avion à destination de l’aéroport d’Incheon, Séoul, je sentais déjà le dépaysement arriver : hôtesses de l’air Coréennes, et absence totale d’occidentaux autour de moi. Après des jours de préparation, je prenais enfin conscience que je partais en Asie pour de vrai.

Je vous épargne le détail du voyage, parce qu’à part passer mon temps à me goinfrer, rien de notable n’est à signaler (et oui, je suis comme ça moi, quand je voyage, il faut que je mange, c’est mathématique).

Le confort des sièges d’avion étant bien limité, c’est avec à peine 4 heures de sommeil à mon actif que je suis descendue de l'appareil, fraîche comme un gardon. Ajoutez à cela le nez bouché à cause de cette maudite climatisation, une production de sébum quelque peu instable en raison de l’enfermement prolongé dans une cabine d’avion et vous pouvez aisément imaginer que j’étais au top de mon capital séduction lorsque mes petits petons ont foulé pour la première fois le sol coréen.

Le passage à l’immigration s’est fait sans encombre (j’ai gagné un joli tampon dans mon passeport), et j’ai récupéré rapidement ma valise (j'ai toujours cette angoisse que ma valise ne parvienne jamais à destination). Les choses sérieuses ont débuté quand j’ai dû me dépatouiller dans le métro toute seule comme une grande, car Aspasie était occupée avec les petits qu’elle garde et ne pouvait venir me chercher. Il était donc convenu que l’on se retrouve à mon auberge de jeunesse, dans le quartier de Dongdaemun. Je me suis débrouillée pour acheter un ticket et ainsi utiliser mon premier billet de 10 000 won (cela m’a fait bien mal au cœur de délester mon portefeuille d’un billet d’un montant à quatre zéros, avant de prendre conscience que son montant ne dépassait en réalité pas les huit euros...)

Séoul étant une ville moderne, non seulement les stations étaient bien indiquées dans le wagon (en coréen, chinois, japonais et anglais s’il vous plait) mais en plus je captais par moment le Wifi, l’occasion pour moi d’informer Aspasie et ma petite famille que j’étais bien arrivée. 

Arrivée à la station de Dongdaemun, je me suis soudainement sentie incroyablement empotée. Me trimballer ma valise, mon sac à main et mon sac en bandoulière commençait à ne plus être très amusant, d’autant plus qu’il y avait des escaliers partout. Finalement, j’ai trouvé la sortie 4 de la station, et vers 20 heures, j’ai enfin pu déposer mes bagages à l’auberge de jeunesse.

Ma chambre était, sans grande surprise au vu du prix que je payais, minuscule. Quand je dis minuscule, n'allez pas imaginer que c'est une fois de plus mon côté marseillais qui se manifeste : non, c'était vraiment riquiqui. Un mini-lit, une mini-table, un mini-espace pour stocker ma valise, et une mini-salle de bain. Parlons-en de la salle de bain, si étroite que la pomme de douche était suspendue au dessus de la cuvette de toilettes, et que je devais prendre ma douche debout devant le lavabo. Epique. 

J'ai donc pris LA douche dont je rêvais depuis vingt-quatre heures, et je suis en trente minutes passée du mode crasseuse à une allure un peu plus présentable pour une confrontation avec le grand public coréen.

(A suivre...)

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