Mission : soigneur d'un jour

J'ai découvert le Parc Animalier des Pyrénées lors de mes premières pérégrinations montagnardes, l'année dernière. Ce lieu tout à fait charmant et idéalement situé dans la vallée d'Argelès (Hautes-Pyrénées) permet de passer quelques heures en compagnie d'animaux sauvages à plumes ou à poils. J'avais alors été conquise, entre autres, par ses joyeuses marmottes accros à la carotte et fort peu farouches.

Avec Monsieur, nous lorgnions depuis quelques mois le site Internet du parc et sa prestation "Soigneur d'un jour", qui permet, le temps d'une matinée, d'endosser la tenue du staff et de découvrir l'envers du décor. Jusqu'à ce que nous craquions (à nous deux, notre niveau de volonté est proche du néant). C'est donc aussi excités que des puces au salon de la moquette que nous avons décollé aux aurores (ou presque), tous les trois (Princesse Louloute était bien sûr de la partie). Résumé de la journée.

A neuf heures pétantes, nous trépignions devant les portes du parc, quand un soigneur est venu nous accueillir, nous trois et une maman avec son petit garçon. Il nous a remis un T-shirt chacun, estampillé Parc Animalier des Pyrénées et précisant notre statut éphémère. 

L'expérience est scindée en deux parties : le secteur des petits primates et des oiseaux et le secteur des mammifères. 

Nous nous sommes retroussé les manches et avons participé à la confection des différents repas et leur distribution aux intéressés. Si la première est instructive, la seconde est bien sûr la plus attendue, puisqu'elle permet d’interagir avec les animaux. 

Sterne inca

Nous avons ainsi fait la connaissance des sternes incas, petits volatiles sombres dotés d'une drôle de moustache blanche qui se sont empressés de venir s'emparer des petits poissons que nous leur tendions. Le soigneur en charge de notre groupe est un passionné, et cela s'est vu lorsqu'il nous a montré sa fierté personnelle, cachée du public : un drôle de bébé flamant rose, bien au chaud sous une lampe ! 

Nous n'avons ensuite pas chômé puisque nous avons un par un pesé et roulé des petits cakes à la banane destinés au secteur des singes. Ces derniers ne suscitaient en moi que peu d'émoi avant cette journée, mais observer les comportements de chacune des variétés de ces petites créatures à l'approche de la becquetance fut tout à fait amusant.

Tamarin empereur

Les tamarins empereurs viennent doucement vers vous, récupèrent ce que vous leur tendez et font demi-tour pour aller déguster leur pitance dans leur coin. Les titis roux restent à leur place, mais la façon dont ils prennent en délicatesse et douceur la nourriture dans leur main nous a tous fait craquer. Vous savez, quand on a l'air complètement neuneu à faire des "Oooooooooooooooh !" Et bien voilà comment on réagit devant les titis roux, qui viennent officiellement de rentrer dans mon top 3 des singes favoris (et tant pis pour les bonobos).

Un saïmiri bien curieux...

Mais tous ne sont pas aussi calmes : les ouïstitis se piquent la bouffe entre eux, sans pitié aucune pour leurs congénères. Les saïmiris, enfin, sont carrément bourrins, puisqu'ils vous sautent sur le sac à dos ou l'épaule pour récupérer à manger. Absolument tout : ce qui est prévu au menu, ou pas. D'ailleurs, en deux secondes, l'un d'entre eux a fouillé dans la poche de mon sac pour y récupérer un biscuit emballé dans un sachet plastique et s'est enfui dans la végétation pour déballer et savourer l'objet du méfait. Saïmiri 1- Galette Saint-Michel 0.

Nous sommes passés devant l'enclos des loutres géantes, qui avaient l'air fort sympathique et donnaient l'impression de nous inviter à les rejoindre pour jouer les naïades dans l'eau avec elles. Le soigneur a bien vite remballé mes fantasmes de murmures à l'oreille des loutres : ces grosses bêtes sont les animaux les plus dangereux du parc (qui compte quand même parmi ses effectifs ours et loups). Qui l'eut crû, elles sont si mignonnes ?! En vrai, elles peuvent occire un caïman... Choquée j'étais d'apprendre pareille nouvelle. 

C'est donc toute chamboulée par ces informations remettant en question tout l'ordre des choses que nous avons quitté notre soigneur 1 pour faire la connaissance de notre soigneur 2, responsable du secteur des mammifères. 

Pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons été moins en contact direct avec les animaux. Il s'agissait plutôt d'aller observer avec lui les différents enclos, car cela fait bien sûr partie de son travail, pour détecter d'éventuelles anomalies dans le comportement de ses protégés. Il nous a également fait pénétrer dans la fauverie des ours, en nous expliquant les règles élémentaires de sécurité (fermetures des trappes, lumière, angles morts)... Une bonne piqûre de rappel sur la dangerosité de certains des pensionnaires du parc. 

Nous avons aussi eu des explications sur la manière dont les animaux étaient stimulés et occupés, en leur faisant chercher leur nourriture un peu partout dans l'enclos par exemple. C'est important, ça évite qu'ils tournent zinzins. 

Passage obligé avec les marmottes en milieu de parcours pour la traditionnelle photo de famille. Toujours aussi dodues, elles constituent l'attraction majeure du parc, et pour cause : à peine vous entrez dans leur enclos, la main chargée de carottes en morceaux, qu'elles vous sautent sur les genoux pour s'empiffrer, pour le plus grand bonheur des petits et des grands.

Mais pas question de lambiner : nous avions encore du pain sur la planche. Enfin, surtout des fruits et légumes sur la planche à découper. Et rebelote : nous sommes allés nourrir le panda roux (qui est décidément trop mignon), les suricates (j'ai eu Hakuna Matata dans la tête tout le temps où j'étais dans l'enclos), les jolies perruches et les lémuriens.

Les choses se sont gâtées quand Rufus, le mâle dominant des maki-catta a décidé de n'en faire qu'à sa tête et d'aller mordre le faciès du garçon de notre groupe (qui venait de lui donner à manger, bonjour la reconnaissance). Pauvre gosse qui n'a pas dû comprendre ce qui lui arrivait. 

Heureusement, notre professeur-soigneur a super bien réagi et a interrompu la séance nourrissage pour jouer les infirmiers. Paraît-il que ça arrive parfois, mais seulement quand les gens tirent sur la queue des bestioles (si, si, ça existe). En tous cas, plus de peur que de mal, mais le petit n'est pas prêt d'oublier ce moment cocasse entre les griffes de Rufus.

Une fois l'animation "Soigneur d'un jour" terminée, nous avons poursuivi notre visite du parc, et j'ai réclamé mon câlin aux animaux de la mini-ferme (c'est pour les tout-petits en principe, mais que voulez-vous, je voue un culte sans limite aux mini-biquettes).

J'aime beaucoup la partie haute du parc, car il faut crapahuter un peu, voire beaucoup pour y aller : arrivé là-haut, vous avez le mollet galbé. Et surtout, vous avez une vue magnifique sur la vallée d'Argelès et ses montagnes, dont jamais on ne se lasse.

Avant de quitter les hauteurs, je tenais à voir l'enclos des loups : et pour cause, le parc avait annoncé au printemps sur les réseaux sociaux la naissance de trois louveteaux. Par chance, ils sont sortis un peu de leur tanière pour jouer dehors, et je les ai de mes yeux vus. Ils sont à croquer (ils doivent penser la même chose de nous). 

Un des trois louveteaux, au milieu, si si, regardez bien 😋

Nous avons adoré cette expérience en tant que soigneurs, à la fois pour les interactions avec les animaux mais aussi parce que nous avons beaucoup appris sur le métier. En plus, l'équipe est super. Je ne suis pas repartie avec des rêves de reconversion professionnelle plein la caboche, en revanche je pense avoir retenu deux choses essentielles : les animaux sauvages (ou pas d'ailleurs) restent des êtres imprévisibles, il faut donc savoir prudence garder, et surtout, les plus mignons ne sont pas toujours ceux que l'on croit (adieu loutres, titis je vous aime).

Pour les infos sur le parc, c'est ici : https://www.parc-animalier-pyrenees.com/  

Crédit photos : Moi :)